LA VALLÈE DE L'iNN. 89 sence arrèta net le fléau. Une procession d'actions de graces à laquelle toute la population prit part fut aussitòt organisée, et c'est cette démons- tration de pieuse reconnaissance qu'un artiste improvisé a voulu retracer sur cette toile. A Landeck se rattache encore untouchant épisode de l'histoire tyro- lienne. Cetait en 1417. Le due d'Autriche, Frédéric IV, prisonnier de l'empereur Sigismond pour avoir favorisé l'évasion de Constance du pape Jean XXIII, s'était
un déguisement et rentra dans le Tyrol. Mais entouré de dangers et d'ennernis, n'osant se faire connaìtre, le malheu- reux fugitif erra longtemps dans ce pays. Le chàteau de Berneck, dans le Kaunserthal, fut son premier asile. C'est de là, dit la tradition, qu'iì vint un jour, en habit de pèlerin, assister à une consécration d'église qui devait avoir lieu à Landeck. Là, devant une foule considérable attirée par la solennité, il joua, à la fagon des poètes errants de l'époque, une pièce dramatique dans
laquelle étaient retracées les infortunes d'un prince persécuté, fugitif, réduit à l'exil et à la misère. Les bons Tyro- liens, au souvenir de leur prince, exilé et malheureux lui aussi, témoignèrent de leur vive compassion et de leur attachement. Frédéric alors se fit reconnaìtre. Dire avec quelle joie et quelles délirantes accla mations il fut accueilli est chose impossible. Malheureusement cette fidélité si touchante des gens de Landeck ne pouvait seule soustraire le due à ses puissants ennemis
ni parer aux dangers qui le menacaient. Frédéric, obligé de fuir de nouveau, s'enfon^a seul dans l'CEtzthal, fran- chit les glaciers et redescendit dans la vallèe de l'Adige, où il se tint encore, dit-on, quelque temps caché et s'engagea comme gargon meu- nier. Enfin un peu plus tard, soutenu par les Etats de Méran et par tout le peuple, il assembla des forces considérables, put revendiquer ses droits les armes à la main, et rentra en possession du Tyrol (1). Landeck est un carrefour où aboutissent
plusieurs importantes routes des Alpes. De la grande route de l'Arlberg à Innsbruck s'en détache une autre qui se dirige au sud-ouest vers Nauders et la frontière suisse, et de là à travers l'Engadine en remontant l'Inn, ou bien dans la vallèe de l'Adige et le Sud-Tyrol. De Landeck à Innsbruck nous allons main- tenant descendre le long de l'Inn. Cette partie de l'Oberinnthal est 1. Voir ci-dessus chap. 11.